Traditionnellement, les enfants reçoivent un diagnostic par un clinicien après l’évaluation de leurs antécédents développementaux, de leurs comportements, des rapports de la famille et des professionnels qui suivent l’enfant au quotidien. Ces évaluations peuvent prendre des mois, voire des années, et certains comportements associés à l’autisme peuvent passer inaperçus, en particulier chez les jeunes enfants.
Warren Jones, directeur de recherches au Marcus Autism Center at Children’s Healthcare à Atlanta et à l’Université Emory, est le principal auteur de ces nouvelles études autour du suivi oculaire. Il est cofondateur de l’outil nommé « EarliPoint Evaluation« , récemment autorisé aux États-Unis par la FDA (Food and Drug Administration) pour aider les cliniciens à diagnostiquer l’autisme. Le chercheur l’affirme : « Ce n’est pas un outil créé pour remplacer les cliniciens experts mais il peut aider à éclairer le processus de diagnostic ».
Comment le suivi oculaire peut-il aider au diagnostic ?
Il s’agit d’étudier les mouvements oculaires des enfants lorsqu’ils regardent des vidéos, présentant notamment des interactions sociales. Lors de leur visionnage, un enfant non-autiste va concentrer naturellement son attention sur les gestes ou le visage d’une personne présentant une émotion. Cette observation lui permettra généralement de décrypter facilement la situation. À contrario, un enfant potentiellement autiste ne prêterait pas autant attention aux expressions faciales et à la gestuelle de la personne. Il peut par exemple fixer un autre point de l’image sans remarquer la zone qui semble pertinente pour comprendre le sens de la situation.
Warren Jones déclare : « Nous utilisons ce type de scènes pour tester si ces enfants prêtent attention aux mêmes informations que ce que les enfants du même âge développent en général ».
Les premiers essais de l’étude
Dans l’une des études publiée dans la revue médicale JAMA , 475 enfants âgés de 16 à 30 mois, ont été observés sur une année complète, avec ce dispositif, en complément des autres évaluations.
Après analyse, les chercheurs ont découvert que, par rapport au seul diagnostic clinique expert, les mesures du suivi oculaire aidaient à diagnostiquer avec précision l’autisme dans 85 % des cas.
Lors de ces études, les mesures de suivi oculaire prédisaient donc les évaluations des cliniciens experts « avec un haut degré de précision », selon un communiqué de presse, et étaient cohérentes avec les diagnostics cliniques des experts. Les résultats démontrent ainsi que l’utilisation des données fournies par cet outil, pourrait offrir un indicateur efficace, facilitant le diagnostic. Il contribuerait ainsi à raccourcir le temps nécessaire et accélérer la prise en charge de l’enfant !
Le futur
« Pour moi, il n’y a pas d’autre retour sur investissement que de donner accès aux familles à un diagnostic précoce qui permettra une intervention rapide pour les enfants », a déclaré Ami Klin, directrice du Marcus Autism Center et chef de la division de l’autisme et des déficiences développementales à l’Université Emory.
« Dans notre système de santé, ces familles (…) se couchent tous les soirs pendant des mois, voire des années, en attendant une réponse, sachant très bien que plus tôt elles y parviendront, plus tôt leur enfant bénéficiera de prises en charge qui peuvent améliorer leur vie », a déclaré Klin. « Pour la première fois, nous disposons d’un outil objectif basé sur des indicateurs qui peuvent accroître l’accès au diagnostic. Mon plus grand espoir est que ce soit l’un des outils que nous puissions utiliser pour réduire les disparités en matière de soins de santé qui affectent les familles minoritaires, à faible revenu et rurales. »
« L’âge du diagnostic est souvent le reflet du temps qu’un parent a attendu »
Dr. Kristin Sohl, professeur de pédiatrie et président du sous-comité sur l’autisme de l’Académie américaine de pédiatrie
Les outils de diagnostics tels que la technologie de suivi oculaire et d’autres ressources cliniciennes peuvent ainsi contribuer à réduire les disparités – et à améliorer globalement les taux de diagnostic précoce – en permettant aux spécialistes de renforcer leur pratique, tout en contribuant à élargir le nombre de médecins formés à diagnostiquer l’autisme.
Conclusion
Des analyses complémentaires sont nécessaires avant qu’un test de suivi oculaire ne soit utilisé systématiquement, mais ces études démontrent clairement qu’il améliore le taux de certitude du diagnostic. Reste désormais à poursuivre quelques années le suivi des enfants dont le diagnostic était incertain, pour déterminer si le test a amélioré ou non la prédiction d’un diagnostic définitif. Cela entraînerait moins de cas manqués et permettrait à davantage de familles de recevoir des informations sûres afin d’entamer des thérapies précoces.
D’après l’article : https://edition.cnn.com/2023/09/05/health/eye-tracking-autism/index.html
Rédigé par : Jean-Baptiste Caire
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