Après avoir pris connaissance du fabuleux soutien de la langue des signes pour Maxime dans la première partie, apprenons ici comment Elias a vécu sa rencontre avec ce nouvel outil de communication et comment il est parvenu à l’utiliser dans son quotidien. Exploration.
Elias est un enfant de 8 ans qui est hospitalisé depuis moins d’un an dans le service lorsqu’il débute l’atelier « Signe Avec Moi ». De nature rêveur, il aime s’isoler pour effectuer des gestes stéréotypés avec les mêmes objets. Ses centres d’intérêts sont très restreints et dès qu’il le peut, il utilise les LEGO en les mélangeant continuellement, dans un brouhaha incessant. Au quotidien, il suit le déroulé des journées de manière très automatique et n’initie presque aucune activité de lui-même. Lorsqu’il a besoin d’aide, Elias ne parvient généralement pas à le communiquer et peut rester passif durant de longues minutes, à attendre qu’un adulte le remarque.
Sa communication verbale est très fragile : il utilise quelques mots qui sortent instinctivement mais ne fait aucune phrase. Les interactions sont courtes car Elias rompt rapidement la relation. Il comprend plutôt bien les consignes simples et peut répondre par « oui ». En revanche sa négation s’exprime uniquement par de l’opposition physique (fronce les sourcils, gémit et fait des gestes brusques).
« En l’intégrant à l’atelier de LSF, le but est de lui transmettre un nouvel outil plus adapté à son profil »
Il semblait ainsi indispensable de proposer un soutien à Elias pour l’aider à développer sa communication. En l’intégrant à l’atelier de LSF, le but est de lui transmettre un nouvel outil plus adapté à son profil. Les objectifs étaient multiples : étoffer son vocabulaire, lui apprendre les prémices de la communication, et se faire comprendre au quotidien.
Durant les premières semaines de l’atelier, Elias a toujours un soignant à ses cotés, pour l’aider à rester concentré et ajuster la position de ses doigts pour effectuer les signes. Ayant une dyspraxie importante, il est difficile pour lui de reproduire les gestes avec précision. Au début, le contenu des séances est le même pour Maxime et Elias : les pictogrammes utilisés au quotidien lui sont présentés afin d’initier le geste adapté. Il tente de reproduire les gestes de l’adulte mais semble très handicapé au niveau de la motricité fine. Son niveau de compréhension est également plus limité que celui de Maxime. Les séances sont donc réadaptées et le contenu change. Les consignes, les gestes, la communication ne semblent pas faire sens. L’entrée en matière est compliquée.
« La parole est donc logiquement insérée au cours des séances »
« La communication verbale-gestuelle fait sens et il peut enfin initier des actions dans le quotidien »
Il faut donc limiter le nombre de gestes, tout en apportant plus de concret derrière chaque production. Ainsi, par exemple, si Elias parvient à effectuer le geste « pain » lorsque le pictogramme lui est présenté, il obtient un véritable morceau de pain à manger. Cependant, Elias ne reconnait pas toujours les pictogrammes et l’unique communication gestuelle ne lui suffit pas. La parole est donc logiquement insérée au cours des séances.
Le geste, le mot, le pictogramme et l’objet sont ainsi associés. De manière surprenante, l’apparition du canal verbal n’entrave absolument pas la dynamique gestuelle. Au contraire, Elias montre très nettement plus de plaisir en alliant le geste à la parole. Il apprend ainsi à dire de nouveaux mots en les comprenant. La présence de l’adulte en soutien à ses côtés est progressivement supprimée.
De larges sourires apparaissent peu à peu sur son visage, effaçant la crispation de ses incompréhensions passées. Les moments d’échanges se multiplient et les temps de jeux deviennent très productifs. Intéressé, réactif, il accepte très bien les consignes, comprend mieux le sens des séances et progresse également bien dans la manipulation fine des objets.
La communication verbale-gestuelle fait sens et il peut enfin initier des actions dans le quotidien pour demander à aller dans la cour, solliciter l’adulte pour fermer son manteau, ou encore que lui soit servi de l’eau à table. Une véritable dynamique de communication s’est installée et sa production orale fleurit de jour en jour (objectif qui n’était absolument pas visé au départ de l’atelier).
Exemple de communication : « MOI -> JE VEUX -> VERT »
« Elias retient ainsi mieux les mots, connaît maintenant les couleurs, les chiffres, et progresse magistralement au niveau de la prononciation »
« À la maison, il poursuit cette communication et montre une évolution importante dans la variété de ses activités »
Après quelques semaines, deux séances hebdomadaire lui sont proposées pour obtenir un rythme plus soutenu dans les acquisitions. Elias retient ainsi mieux les mots, connaît maintenant les couleurs, les chiffres, et progresse magistralement au niveau de la prononciation. Prenant confiance, il initie davantage d’actions et accepte de découvrir de nouvelles activités. Les LEGO, par exemple, sont devenus un véritable jeu de construction dans son esprit, grâce à son apprentissage en atelier.
Au delà de l’objectif initial basé sur la communication, Elias montre, à la fin de l’année, une nette évolution dans différents domaines tels que la motricité, la curiosité ou encore la créativité. Il semble profiter pleinement de cet atelier dans lequel il montre de plus en plus d’autonomie.
A la maison, il poursuit cette communication et montre une évolution importante dans la variété de ses activités. L’atelier « Signe Avec Moi » s’est révélé être très bénéfique pour cet enfant qui a su prendre confiance en lui et développer grandement son langage verbale et gestuel, pour exprimer ses envies, ses besoins et ainsi élargir ses capacités.
Fin de la deuxième partie.
Mise en page : Jean-Baptiste Caire.
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